Retard de prise en charge aux urgences : quelles conséquences et recours ?

 Récemment, plusieurs affaires révélées par les médias ont mis en exergue des retards aux urgences, parfois avec des conséquences tragiques comme le décès de patients.

Ces affaires ont suscité une forte émotion publique et ont mis en lumière les difficultés chroniques des services d’urgence, souvent débordés et en manque de personnel.

Ces délais d'attente excessifs sont malheureusement une réalité et il est important de rappeler qu’en cas de faute ou de négligence de la part du soignant ou de l’Etablissement de santé ayant contribué à la survenue du dommage ou du décès du patient, une procédure pour responsabilité peut être engagée.

Victime ou proche d'une personne ayant subi un retard aux urgences ?

Retards aux urgences en France : Exemples d’affaires médiatiques

  1. Décès d'une patiente de 55 ans à l’hôpital de Lariboisière (2018) : Une patiente, souffrants de céphalées et de douleurs aux mollets, avait été conduite aux urgences de l’Hôpital Lariboisière à PARIS par les pompiers le 17 décembre 2018 en fin d’après-midi.Suite à une erreur d’orientation, elle s’est trouvée sur un brancard ente 1h et 6h du matin puis retrouvée décédée, d’une défaillance respiratoire, sans jamais avoir vu de médecin.
  2. Décès d'une patiente de 55 ans à l’hôpital de Reims (2018) : Une femme est décédée après avoir attendu plusieurs heures sans prise en charge immédiate dans un service d’urgence saturé.
  3. Décès d'un jeune homme de 27 ans à l'hôpital de Tours (2022) : Un jeune homme, souffrant de douleurs intenses, est décédé après avoir attendu plus de dix heures dans une salle d'attente d'urgence.
  4. Décès d'une octogénaire à l’hôpital de Strasbourg (2021) : Une femme de 88 ans est morte après un long délai d'attente, dans un contexte où le service des urgences fonctionnait en sous-effectif.

Leurs enseignements :

    • Sous-effectif chronique et manque de moyens : Les professionnels de santé sont souvent débordés, et les services d’urgence manquent de personnel pour gérer l’afflux de patients, ce qui entraîne des délais d’attente potentiellement dangereux.
    • État de saturation des urgences : De plus en plus de patients se rendent aux urgences, faute de solutions en médecine de ville, ce qui accentue la surcharge des services hospitaliers et augmente malheureusement les erreurs pour prendre en charge les patients dont l’urgence vitale est en jeu.

Réaliser un recours après une erreur médicale ou un retard aux urgences

Recours en cas de retard ou défaut de prise en charge aux urgences : Séquelles graves et décès du patient

Lorsqu’un retard de prise en charge aux urgences entraîne des conséquences graves, comme des séquelles irréversibles ou le décès d’un patient, les familles peuvent engager des recours juridiques pour obtenir la reconnaissance d’une responsabilité et la réparation des préjudices subis.

Les principaux recours envisageables sont les suivants :

1. Recours auprès des Commissions de Conciliation et d’Indemnisation (CCI)

Les Commissions de Conciliation et d'Indemnisation (CCI) des accidents médicaux sont des organismes indépendants créés pour évaluer les fautes médicales et les conséquences des accidents médicaux, et aider les patients ou leurs proches à obtenir une indemnisation sans passer par une procédure judiciaire longue et coûteuse.

Si une faute médicale est avérée et qu’elle a causé des dommages graves, la CCI rendra un avis favorable et désignera le professionnel de santé ou l’Etablissement qui devra indemniser le patient ou ses ayants droit.

Avantages Conditions
  •  Procédure rapide et gratuite,
  • Possibilité de conciliation,
  • Ne nécessite pas d'engagement de procédure judiciaire complexe.
La gravité des dommages doit être importante (décès ou taux de séquelles supérieur à 24% et/ou arrêt de travail supérieur à 6 mois).

Cependant, il convient de rappeler qu’il s’agit d’un avis amiable et non contraignant à l’égard du professionnel de santé reconnu responsable.

2. Recours devant le Tribunal Administratif

Si l’hôpital public ou un service d’urgence a été défaillant dans la prise en charge du patient, la responsabilité administrative de l’établissement public peut être engagée devant le Tribunal Administratif.

Ce recours vise à démontrer une faute de service, une organisation défectueuse, ou une défaillance dans les soins.

Voici la procédure pour un recours devant le Tribunal Administratif :

  • La famille ou le patient, par l’intermédiaire d’un avocat en droit médical, peut déposer une requête au tribunal administratif pour solliciter des indemnités du fait du préjudice corporel subi.
  • La démonstration de la faute nécessite préalablement une demande d’expertise médicale.
  • L’établissement de santé peut être reconnu responsable en cas de défaillances dans la gestion des services d’urgence (manque de personnel, organisation déficiente, etc.).

Le délai de recours est de 10 ans à compter du décès du patient ou de la consolidation de son état de santé pour engager la procédure.

3. Recours devant le Tribunal Civil pour faute des professionnels de santé

Dans le cas où un retard de prise en charge aux urgences résulte d’une erreur individuelle d’un professionnel de santé intervenant dans un Etablissement de santé privé, un recours en responsabilité civile peut être intenté devant le Tribunal Judiciaire.

Dans cette hypothèse, il s’agit ici de prouver une faute personnelle du soignant et/ou du personnel salarié de la clinique (faute de diagnostic, absence de soin adapté, etc.).

Voici la procédure pour un recours devant le Tribunal Civil :

  • Le recours nécessite là encore la démonstration d’une faute personnelle du professionnel et/ou de l’Etablissement de santé privé.
  • Une expertise médicale sera préalablement sollicitée devant le Juge des Référés
  • Si le rapport d’expertise conclut à des erreurs dans la prise en charge du patient, l’indemnisation sollicitée correspondra au préjudice subi par la victime et/ou ses proches.

4. Recours pénal en cas de négligence grave ou homicide involontaire

Dans les cas les plus graves, notamment lorsque le retard a entraîné la mort ou une incapacité grave, la famille de la victime peut déposer une plainte au pénal pour homicide involontaire, blessures involontaires, ou mise en danger de la vie d’autrui.

Procédure :

  • La plainte est déposée auprès du procureur de la République.
  • Une enquête est ouverte pour déterminer les responsabilités, notamment par le biais d’expertises.

Ce type de recours est souvent plus long, mais peut conduire à des sanctions disciplinaires, civiles et pénales contre les responsables.  

Assistance d’un avocat et rôle de l’expertise médicale

Dans tous les recours, une expertise médicale est indispensable pour établir le lien de causalité entre le retard de prise en charge et les dommages subis.

Une perte de chance pourra être retenue en fonction de la gravité de la pathologie initiale du patient et son aggravation compte tenu de la défaillance dans la prise en charge de la victime.

L’aide d’un avocat en droit médical est vivement recommandée pour se faire assister dans les procédures et obtenir la reconnaissance d’une faute médicale ou administrative.

Ne laissez pas une faute médicale ou un retard de prise en charge impuni. Vous pouvez joindre le Cabinet de Maître CARRE-PAUPART, intervenant pour les victimes d’erreurs médicales.

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